Augmenter les zones protégées de 5% pourrait tripler l’efficacité de la protection de la biodiversité

Alerte presse publiée par le CNRS le 1er juin 2017
Représentation schématique montrant les zones à protéger de manière prioritaire (en rouge et ensuite en bleu) qui maximiserait la protection de l’arbre de la vie des oiseaux en Amérique. Plus les espèces sur l’arbre phylogénétiques sont proches, plus elles partagent d’histoire évolutive et ont un ancêtre commun proche.
© Wilfried Thuiller
Une augmentation de seulement 5% de la taille des zones protégées dans le monde aurait une influence fortement positive sur la biodiversité globale comme le démontre une étude [1] menée par deux chercheurs du LECA et un chercheur de l’Université de Yale (Etats-Unis) [2] sur la préservation des mammifères et des oiseaux.

Alors que la biodiversité est généralement évaluée par le nombre d’espèces présentes dans une zone donnée, les chercheurs ont croisé ce critère avec deux autres composants, peu utilisés jusqu’ici : la diversité phylogénétique, qui reflète l’histoire évolutive accumulée par un assemblage d’espèces, et la diversité fonctionnelle, qui reflète la diversité de traits d’histoire de vie d’une communauté d’espèces (le type et le mode de nourrissage, la période d’activité ou encore la masse). Les chercheurs ont pu identifier des zones de protection prioritaires localisées principalement à Madagascar, dans l’Asie du Sud-Est ou dans les Andes grâce à des algorithmes d’optimisation spatiale. De ces résultats, ils ont pu évaluer l’impact d’une augmentation de 5 % des espaces protégés sur plusieurs espèces sentinelles. Si on maximisait la protection de la diversité phylogénétique ou fonctionnelle, cela suffirait à tripler l’ensemble des espèces et les différents composants de la biodiversité. En protégeant les espèces rares les plus concernées par les trois facettes, c’est une biodiversité beaucoup plus riche qui pourrait être sauvegardée aux échelles locale et globale. Au total, ce sont environ 1500 espèces d’oiseaux qui pourraient être préservés. Ces résultats sont publiés dans Nature.

Carte représentant les zones prioritaires pour chaque composante de la biodiversité (ou plusieurs en même temps) suivant un scénario d’une augmentation de 5% de la surface protégée du globe (zone grise).
© Wilfried Thuiller

Source

Large conservation gains possible for global biodiversity facets, Laura J. Pollock, Wilfried Thuiller, Walter Jetz, Nature, 1er juin 2017, DOI : 10.1038/nature22368

Contact scientifique local

 Wilfried Thuiller, LECA/OSUG (CNRS/UGA/USMB) : wilfried.thuiller (at) univ-grenoble-alpes.fr

Cette actualité est également relayée par

 l’institut national écologie et environnement du CNRS (INEE)

[1Menée dans le cadre d’un projet soutenu par le conseil européen de la recherche (ERC TEEMBIO) et de la commission européenne (Action Marie Curie CLEF).

[2Laura J. Pollock et Wilfried Thuiller, chercheurs au Laboratoire d’écologie alpine (OSUG - CNRS/Université Grenoble Alpes/Université Savoie Mont Blanc) et Walter Jetz, chercheur à l’Université de Yale au département d’Ecologie et de biologie évolutive.

Mis à jour le 18 juillet 2018