Amincissement exceptionnel des glaciers du Mont-Blanc durant l’année glaciologique 2021/2022

Une récente étude menée par des glaciologues du CNRS-INSU, parmi lesquels des scientifiques de l’institut des géosciences de l’environnement (IGE - OSUG), a utilisé des images satellites Pléiades pour examiner l’évolution des glaciers du massif du Mont-Blanc au cours de l’année glaciologique 2021/2022. Les résultats révèlent un amincissement significatif à des altitudes élevées, dépassant 3,5 m par an au-dessus de 3 000 m d’altitude sur des glaciers tels que d’Argentière et la Mer de Glace.

Les glaciers reculent et perdent de la masse quasiment partout sur Terre depuis plusieurs décennies, avec un schéma typique de fort amincissement dans leurs parties inférieures et des changements d’altitude limités dans leurs zones d’accumulation. Dans cette nouvelle étude, le traitement des images satellites Pléiades sur les glaciers du massif du Mont-Blanc a permis aux glaciologues du CNRS-INSU [1], de montrer que l’amincissement a gagné les plus hautes altitudes durant l’année glaciologique 2021/2022 (Figure 1). Par exemple, au-dessus de 3 000 m d’altitude, sur le glacier d’Argentière et la Mer de Glace, les taux d’amincissement ont dépassé 3,5 m par an, alors qu’il n’y avait pratiquement pas eu de changement au cours des 9 années précédentes (Figure 2).

En dessous de 3 000 m d’altitude, les diminutions d’épaisseur observées en 2022 s’expliquent essentiellement par une fonte estivale excédentaire, conséquence des canicules de l’été1 . À plus haute altitude et jusqu’au sommet du Mont-Blanc, la fonte n’est pas suffisante pour expliquer ces fortes variations, et d’autres processus tels que la densification accrue du névé pourraient contribuer à l’amincissement. Leur analyse montre que les glaces alpines de très haute altitude, stables au cours des 100 dernières années, subissent maintenant l’impact du changement climatique.

Carte des taux d’amincissement (en mètres par an) des glaciers du Mont-Blanc entre 2012/2021 à gauche et 2021/2022 à droite. © Référence
Evolution des taux d’amincissement (en mètres par an) de trois glaciers du massif du Mont-Blanc (Mer de Glace, Argentière et Bossons) en fonction de l’altitude. La courbe bleue montre le taux d’amincissement entre 2012 et 2021 alors que la courbe rouge indique ce même taux au cours de l’année glaciologique 2021/22. La légende indique le taux moyen d’amincissement sur l’ensemble des glaciers pour chaque période.

Références

Berthier, E., Vincent, C., and Six, D. : Exceptional thinning through the entire altitudinal range of Mont-Blanc glaciers during the 2021/22 mass balance year, Journal of Glaciology, 2023. DOI : https://doi.org/10.1017/jog.2023.100

Contact scientifique local

 Delphine Six, Physicienne à l’OSUG rattachée à l’IGE | delphine.six univ-grenoble-alpes.fr

Cet article a initialement été publié par le CNRS-INSU.

[1Laboratoires CNRS impliqués :

  • Laboratoire d’Etudes en Géophysique et Océanographie Spatiales (LEGOS - OMP)
    Tutelles : Cnes / CNRS / IRD / Univ. Toulouse Paul Sabatier
  • Institut des géosciences de l’environnement (IGE - OSUG)
    Tutelles : CNRS / UGA / IRD / INRAE

Mis à jour le 22 janvier 2024