Les plantes de montagne prélèvent directement l’azote présent dans l’air

Collecte d'eau dans le laurichard
Prélèvement du filtre ayant servi à la collecte de particules atmosphériques sur l’île d’Amsterdam, avant son stockage en conditions propres afin d’analyser en laboratoire sa composition chimique et microbiologique. © Isabelle Jouvie, IGE
Dans la continuité des premiers résultats de recherches sur le traçage des dépôts d’azote atmosphérique dans les écosystèmes de montagne, soutenus par le Labex OSUG@2020 et par la Région Rhône-Alpes entre 2014 et 2017, un nouvel article vient d’être publié. Ces travaux, emblématiques des collaborations facilitées par l’OSUG, ont impliqué des chercheurs et ingénieurs de l’institut des géosciences de l’environnement, du laboratoire d’écologie alpine et de la Station Alpine Joseph Fourier. [1]

Dans une nouvelle étude publiée en 2019, le prélèvement des NO3-atm par deux plantes subalpines abondantes le long de la Romanche, entre le Col du Lautaret et Grenoble, a été élucidé. Deux ans d’échantillonnage intensif et l’utilisation d’un traceur isotopique à haute résolution (δ15N, δ15N, Δ17O) ont ainsi permis d’identifier les principaux mécanismes régissant l’absorption du NO3-atm par ces plantes de montagne. Jusqu’à 16% du NO3- présent dans les tissus végétaux subalpins est ainsi prélevé directement dans l’atmosphère par les parties aériennes (feuilles et tiges). Ce résultat pourrait indiquer qu’une grande partie des dépôts de NO3-atm est interceptée avant même d’arriver au sol et appelle à une quantification à large échelle de l’importance de ce mécanisme. Le prélèvement foliaire serait ainsi la source principale de NO3-atm pour les plantes de montagne, plus importante que le prélèvement racinaire du NO3-atm déposé dans les sols. De plus, cet outil isotopique a permis d’identifier que l’assimilation du NO3- (i.e., transformation du NO3- en protéines utilisables par la plante) a lieu dans les racines mais aussi dans les feuilles, ouvrant ainsi une nouvelle voie pour améliorer notre compréhension de la physiologie végétale.


Source

Bourgeois, I. ; Clément, J.-C. ; Caillon, N. and Savarino, J. : Foliar uptake of atmospheric nitrate by two dominant subalpine plants : insights from in situ triple-isotope analysis. New Phytologist. DOI : 10.1111/nph.15761

Contacts scientifiques locaux

 Jean-Christophe Clément, LECA/OSUG | jean-christophe.clement univ-savoie.fr
 Joel Savarino, IGE/OSUG | joel.savarino univ-grenoble-alpes.fr
 Didier Voisin, IGE/OSUG | didier.voisin univ-grenoble-alpes.fr

Contact chercheur

 Ilann Bougeois – Research Associate - NOAA/CIRES | ilann.bourgeois noaa.gov

[1Ces travaux ont été menés par Ilann Bourgeois lors de sa thèse codirigée par J.-C. Clément (LECA/CARRTEL) et J. Savarino/D. Voisin (IGE). Ilann Bourgeois a soutenu sa thèse en décembre 2017 et est actuellement en poste à l’Université du Colorado CIRES - NOAA Chemical Sciences Division).

Mis à jour le 6 novembre 2019