La communauté française de glaciologie célèbre les 20 ans d’un article fondateur sur les variations passées des gaz à effet de serre

Il y a 20 ans, le 3 juin 1999, paraissait l’article intitulé "Climate and atmospheric history of the past 420,000 years from the Vostok ice core, Antarctica" dans le journal scientifique Nature, publié par Jean-Robert Petit et d’autres collaborateurs du Laboratoire de glaciologie et de géophysique de l’environnement (LGGE / OSUG ; l’un des deux laboratoires fondateurs de l’IGE / OSUG) et du Laboratoire des sciences du climat et de environnement de Saclay (LSCE). Cet article reste le plus cité dans le domaine des géosciences parmi les articles avec un premier auteur français (plus de 3000 fois).

Cette étude étendait aux quatre derniers cycles glaciaires-interglaciaires les enregistrements issus du forage de Vostok, en Antarctique. Parmi ces enregistrements, ceux du CO2 et du CH4 de l’atmosphère ne peuvent être obtenus que dans la glace. Ils démontraient d’une part que, si ces cycles glaciaires-interglaciaires trouvent bien leur origine dans les changements orbitaux de la Terre, ces deux gaz à effet de serre les ont fortement amplifiés.
Ils montraient, d’autre part, que les teneurs atmosphériques en CO2 et CH4 atteints en 1999 n’avaient jamais existé au cours de ces derniers quatre cycles, soit les derniers 420 000 ans. Ce niveau inédit en gaz à effet de serre a contribué à faire prendre conscience de l’ampleur de la perturbation du climat par les activités humaines.

Célébrons cette aventure scientifique exceptionnelle du XXe siècle, initiée par Claude Lorius et nourrie de l’amitié (unique) entre les scientifiques de l’ex-Union soviétique, de la France et des États-Unis d’Amérique. Les nouvelles sur le système climatique publiées presque tous les jours nous rappellent l’importance de ces résultats pour alerter sur le réchauffement de la planète, notamment sur le rôle des changements de concentration des gaz à effet de serre d’origine humaine.

Nous avons une pensée particulière pour Jean-Marc Barnola et à Nartciss Barkov, deux défunts collègues qui ont joué un rôle central dans le succès de cet important document.

Enregistrements extraits de la carotte de glace de Vostok en fonction de l’âge, sur l’axe du bas, avec rappel de la profondeur, sur l’axe du haut. On trouve : a) le CO2 (rappel, la valeur actuelle est à présent supérieure à 400 ppmv) b) les variations de température en Antarctique, déduites de la composition isotopique de la glace (deutérium) c) le méthane, CH4 (rappel la valeur actuelle est 1800 ppbv) d) le rapport isotopique de l’oxygène 18 dans l’atmosphère qui est bien corrélé à l’insolation e) l’insolation à 65°N (en W/m2) qui dépend des changements orbitaux et est supposée être à l’origine des cycles glaciaires-interglaciaires.

Mis à jour le 3 juillet 2019