Changement climatique en territoires de montagne retours sur la 1re conférence du conseil scientifique de Grenoble Capitale Verte Européenne 2022

Vendredi 14 janvier a eu lieu le premier événement organisé par le Conseil scientifique de Grenoble Capitale Verte Européenne [1]. Dans le cadre du mois consacré au climat [2], Thierry Lebel, hydroclimatologue à l’Institut des Géosciences de l’Environnement (IGE/OSUG, UGA/CNRS/IRD/Grenoble INP) et membre du conseil scientifique animait une conférence sur le thème du « Changement climatique en territoires de montagne » en présence de Samuel Morin, directeur du CNRM (Météo-France - CNRS) et auteur principal du rapport spécial Océan & Cryosphère du GIEC, Delphine Six, glaciologue à l’IGE et responsable du Service National d’Observation du suivi des glaciers (GLACIOCLIM) et Marie-Noëlle Battistel, Présidente de la Commission Locale de l’Eau du Drac et de la Romanche.

À partir des travaux récents de la communauté internationale et des rapports du GIEC, les conférenciers ont mis en lumière l’évolution du climat en zone de montagne et les impacts physiques et socio-économiques observés et attendus, en particulier sur les ressources en eau.

Delphine Six y a notamment présenté les derniers résultats scientifiques sur la thématique des glaciers de montagne et leurs évolutions sur le dernier siècle. Les glaciers sont en effet considérés comme des indicateurs extrêmement pertinents pour évaluer les changements climatiques en montagne, dans des zones où bien souvent les observations des réseaux conventionnels (par exemple ceux des services météorologiques comme Météo France) n’existent pas sur le long terme.

Des récits et des photos illustrent le fort déclin des glaciers observés dans presque toutes les régions du monde depuis plusieurs décennies. Les observations menées par la communauté internationale permettent de quantifier ces évolutions. Ainsi, il reste aujourd’hui 250 km² de superficie englacée dans les Alpes françaises, valeur diminuée de moitié par rapport au début du siècle dernier. Ces glaciers qui disparaissent contribuent à l’élévation du niveau des mers a raison, aujourd’hui, de 1 mm/an, soit un tiers de la valeur annuelle du taux d’élévation au niveau planétaire.

Les projections futures montrent que 25 à 55% des glaciers du monde auront disparu d’ici la fin du 21ème siècle avec cependant des disparités régionales. Dans les Alpes, des projections de l’évolution de quelques glaciers rapportent ainsi leur quasi disparition d’ici 2100. Une disparition avec des conséquences non négligeables sur les ressources en eau, avec des changements notables dans le régime hydrologique des rivières en aval tels que la baisse des débits estivaux forcément impactant tant pour la biodiversité que pour les aspects économiques comme l’hydro-électricité.

Samuel Morin a quant à lui présenté quelques données récentes, issues en partie du rapport spécial du GIEC sur l’océan et la cryosphère publié en septembre 2019, sur l’augmentation de température en France et dans le monde et l’impact de ce réchauffement sur l’enneigement en montagne.

Ce rapport, complété par le rapport du GIEC paru en Août 2021, met en exergue la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement climatique en cours, avec une évolution des températures corrélée à l’augmentation des quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère toujours plus importantes depuis l’aire préindustrielle.

En montagne, l’enneigement se réduit, en particulier à basse et moyenne altitude, sous l’effet d’un remplacement de plus en plus fréquent de précipitations neigeuses par de la pluie, et d’une fonte accélérée du manteau neigeux saisonnier sous l’effet de l’augmentation de température. Cette tendance est de l’ordre de 5 jours de baisse d’enneigement par décennie en dessous de 2000 m d’altitude dans les Alpes, avec des variations locales.

Cette réduction de l’enneigement a des impacts sur l’image de la montagne et la relation que l’on entretient avec elle. En termes de tourisme, la montagne présente des enjeux esthétiques, culturels et récréatifs forts au travers notamment des stations de sports d’hiver pour lesquelles les conditions futures d’exploitations se posent. Les situations sont contrastées en fonction des stations, de leur emplacement et de leur modèle économique, et il existe des outils issus de travaux de recherche récents pour objectiver et quantifier les apports pour l’enneigement et les besoins en eau pour la production de neige à l’échelle de stations individuelles.

Ces exemples illustrent le bénéfice d’une articulation entre démarches de réduction des émissions de gaz à effet de serre, indispensables pour limiter à long terme l’ampleur du changement climatique, et adaptation permettant dans certains cas de limiter l’ampleur des dommages occasionnés par le changement climatique.

Une conférence disponible en replay au lien suivant : https://greengrenoble2022.eu/111-direct-conference-14janv.htm


En savoir +

► Programmation et site officiel du Conseil Scientifique Capitale Verte & Transition : https://cstransition.hypotheses.org/
► Site officiel de Grenoble Capitale verte Européenne : https://greengrenoble2022.eu/
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Prochain événement :

Jeudi 27 janvier 2022, de 18h30 à 20h : deuxième conférence : « Inégaux face au changement climatique : quelles vulnérabilités, quelles responsabilités ? »

Contacts scientifiques locaux

 Thierry Lebel, Directeur de recherche IRD à l’IGE/OSUG
 Delphine Six, Physicienne UGA à l’IGE/OSUG
 Samuel Morin, Directeur du CNRM (Météo-France/CNRS)

[1Le Conseil Scientifique Capitale Verte & Transition est composé de 35 chercheurs et chercheuses issus de différents champs disciplinaires du monde académique dont près d’un tiers de scientifiques de l’Observatoire des Sciences de l’Univers de Grenoble.

[2Afin d’alimenter la programmation « Capitale Verte 2022 », le Conseil Scientifique a imaginé un découpage en 12 grands thèmes témoignant chacun d’un grand enjeu ou d’un domaine participant à la Transition. Le mois de janvier est consacré au climat tandis que celui de février à l’air (voir l’article : Une conférence de presse pour lancer Grenoble Capitale Verte de l’Europe 2022.

Mis à jour le 8 février 2022