Extraire de la glace de 1,5 millions d’années : le site de forage du projet européen Beyond EPICA a été choisi

Vue du camp à Petit Dôme C où les opérations de terrain ont débuté en décembre 2019, © Équipe de terrain 2019-2020 du projet Beyond-EPICA
Le projet Européen Beyond EPICA a pour objectif d’étudier l’histoire climatique des derniers 1,5 million d’années grâce à un carottage d’environ 2800 m dans le glacier antarctique. Le site de forage, élément clé de ce projet, a été confirmé : il se situera à environ 40 km de la base CONCORDIA.

Des experts de 10 pays européens [1] , dont des chercheurs de l’IGE [2] / OSUG, ont confirmé le choix du prochain site de forage du projet Beyond EPICA, une confirmation réalisée grâce au projet Européen CSA, qui visait à préparer cette opération de forage. Le site choisi se trouve à proximité du Little Dome C, un dôme secondaire à 40 km de la base franco-italienne CONCORDIA située à Dome C, une base opérée par les agences polaires française (IPEV) et italienne (PNRA).

Dans la continuité du projet EPICA, qui a permis de ramener de la glace datant de 800 000 ans, le projet Beyond EPICA a démarré le 1er juin 2019 et a pour objectif d’extraire de la glace de 1,5 million d’années : «  Nous voulons aller plus loin et comprendre ce qu’il s’est passé il y a environ 1 million d’années, lorsque les cycles glaciaires-interglaciaires sont devenus plus longs (100 000 ans au lieu de 40 000 ans) et de plus grande amplitude. », explique Frédéric Parrenin, directeur de recherche CNRS à l’IGE et responsable français du projet « Beyond EPICA ».

Vue du camp à Petit Dôme C où les opérations de terrain ont débuté en décembre 2019, © Équipe de terrain 2019-2020 du projet Beyond-EPICA

La région du petit Dôme C a été sélectionnée après une période de 5 ans, durant laquelle de nombreuses données furent collectées dans le cadre du projet CSA [3], avec notamment une forte implication des chercheurs de l’Institut des Géosciences de l’Environnement. Au cours du dernier mois, une équipe de chercheurs de 3 instituts européens ont collecté des mesures radar complémentaires qui ont permis de définir précisément le site de forage. A cet endroit, de la glace d’1,5 million d’années devrait être préservée avec une résolution temporelle suffisante. « Le travail qui a été accompli depuis 5 ans est considérable et a grandement amélioré notre connaissance de ce qui se trouve à la base de la calotte. Ce travail a été le fruit d’une collaboration européenne très stimulante. » explique Catherine Ritz, directrice de recherche CNRS à l’IGE et responsable française du projet CSA.

Les opérations de terrain en vue de ce forage profond ont débuté lors de cette première saison d’été austral de novembre 2019 à février 2020, elles dureront en tout 6 ans. Le camp et le matériel de forage sont en cours d’installation par des ingénieurs Français et Italiens. La glace ancienne est attendue à la fin du projet, lors de la saison d’été austral 2024-2025, si tout se passe comme prévu.

Figure de gauche I en haut à gauche : carte de l’Antarctique montrant la région de Dôme C (rectangle noir). En haut à droite : carte de la région de Dôme C montrant la zone de Petit Dôme C dans le rectangle. En bas : carte détaillée de la topographie du socle sous glaciaire dans la région de Petit Dôme C. La flèche blanche verticale indique le site de forage choisi.
Figure de droite I Profil radar à haute résolution dans le voisinage du site de forage choisi.

Ce projet Européen a été financé à hauteur de 11 millions d’euros par la commission européenne et durera 6 ans au total pour forer, ramener et analyser la glace ancienne. Pour de plus amples information visitez le site https://www.beyondepica.eu/.

Contacts scientifiques locaux

 Frédéric Parrenin I Directeur de Recherche CNRS à l’IGE I 06.27.86.27.82 I frederic.parrenin univ-grenoble-alpes.fr
 Catherine Ritz I Directrice de Recherche CNRS à l’IGE I catherine.ritz univ-grenoble-alpes.fr

[1France, Italie, Allemagne, Suisse, Grande-Bretagne, Danemark, Belgique, Pays-Bas, Norvège, Suède

[2Institut des géosciences de l’environnement (CNRS, IRD, Université Grenoble Alpes, Grenoble INP)

[3Plus de 4 000 km de sondage radar au sol ou aéroporté et estimation de la température basale basée sur des mesures des profils verticaux de vitesse et de température. Ces mesures ont été interprétées grâce à des outils de modélisation de la température et de l’âge.

Mis à jour le 11 février 2020