Glaciers groenlandais et niveau de la mer

Aux abords de Jakobshvan Isbrae, juillet 2019.
Crédits : Jeremie Mouginot, IGE
Les trois glaciers groenlandais Jakobshavn Isbræ, Kangerlussuaq et Helheim sont ceux qui contribuent le plus à la perte de masse du Groenland. Or, ils contiennent à eux seuls assez de glace pour faire monter le niveau global des mers de 1,3 m, s’ils venaient à disparaître complètement.

Une équipe internationale, impliquant des chercheurs de l’Institut des Géosciences de l’Environnement (IGE/OSUG, CNRS / IRD / UGA / Grenoble INP) a utilisé des photographies historiques pour calculer la quantité de glace perdue par ces glaciers entre 1880 et 2012, période durant laquelle la température moyenne de l’atmosphère dans ces régions avait augmenté d’environ 1,5ºC. Les scientifiques ont estimé que le glacier Jakobshavn Isbræ avait perdu une masse totale d’environ 1 518 gigatonnes (ou 1012 kg) au cours de cette période, tandis qu’entre 1900 et 2012, le glacier Kangerlussuaq avait perdu 1 381 gigatonnes et le glacier Hellheim seulement 31 gigatonnes. Cette perte de masse a entraîné une augmentation du niveau de la mer de 8,1 mm [1] au cours du XXe siècle.

Front de vêlage glaciaire.
Crédits : Xavier Fain, IGE

Les résultats actuels des modélisations indiquent que, dans le cadre du pire scénario du GIEC (RCP 8.5), la perte de masse de ces trois glaciers pourrait contribuer à une augmentation du niveau de la mer de 9,1 à 14,9 mm d’ici à 2100.
Toutefois, dans ce scénario, les températures au Groenland pourraient avoir augmenté de 8,3°C en 2100 (par rapport à la valeur moyenne de la température entre 1986 et 2005) en raison de l’amplification polaire, soit environ cinq à six fois plus que ce qui s’est produit de 1880 à 2012. Compte tenu de leurs résultats, les chercheurs estiment donc que la perte de glace des trois glaciers pourrait en fait largement dépasser les projections actuelles pour ce scénario.


Référence

Centennial response of Greenland’s three largest outlet glaciers, Khan et coll., Nature Communications 2020. https://www.nature.com/articles/s41467-020-19580-5

Contact scientifique local

Jérémie Mouginot, IGE / OSUG

Article initialement publié par l’INSU.

[1Si toute cette eau était déposée sur la surface de la France métropolitaine, la hauteur d’eau obtenue serait de 4,6 m.

Mis à jour le 6 mai 2021