Le bassin de Wilkes en Antarctique pourrait contribuer à la hausse du niveau des mers

Pouvant contribuer de manière significative aux variations du niveau marin, la question de la stabilité de la calotte polaire de l’Antarctique de l’Est face aux réchauffements atmosphériques et océaniques est encore largement ouverte. Alors que l’on a pu observer ces dernières décennies une diminution de l’épaisseur de glace et des pertes de masse accrues dans la région du bassin sous-glaciaire de Wilkes (antarctique est), cette question revêt une importance capitale.

Dans une nouvelle étude, des scientifiques, dont certains de l’IGE [1] (l’un des laboratoires de la fédération OSUG) et du LSCE [2], ont reconstruit la dynamique glaciaire du bassin de Wilkes sur les 350 000 dernières années. Les analyses montrent que le bassin aurait subi des déglaciations importantes et modérées au Pléistocène (Première époque géologique du quaternaire. Dure de 2.000.000 à 10.000 ans av. j-c.) et est donc sensible au réchauffement océanique.

Les scientifiques ont rassemblé à la fois des marqueurs des variations passées d’altitude provenant de la carotte de glace appelée TALDICE, des informations provenant de carottes sédimentaires au large du bassin sous-glaciaire et des simulations numériques. Ces trois sources d’information complémentaires ont servi à reconstruire la dynamique glaciaire du bassin de Wilkes sur les 350 000 dernières années. Les analyses des données des carottes de glace et de sédiments marins suggèrent que le bassin de Wilkes aurait subi une déglaciation importante il y a 330 000 ans et une déglaciation plus modérée il y a 125 000 ans. Ce comportement a été confirmé en réalisant un ensemble de reconstructions numériques de la calotte Antarctique couvrant les quatre derniers cycles glaciaires-interglaciaires. Les périodes de recul marquées identifiées correspondent à des périodes chaudes (interglaciaires) qui présentent des maximas de températures océaniques dans l’océan austral et des niveaux marins élevés. Nos résultats confirment que le bassin sous-glaciaire de Wilkes est très sensible au réchauffement océanique et qu’il pourrait contribuer de manière significative à la hausse du niveau des mers.

Enregistrements du flux de sodium marin, du d-excess et du δ18O pour la carotte de glace de Talos Dome (TALDICE) et d’EPICA Dome C (EDC), pour les quatre derniers cycles glaciaires-interglaciaires.© Cf. : Crotti & al.

Références

Crotti, I., Quiquet, A., Landais, A. et al.Wilkes subglacial basin ice sheet response to Southern Ocean warming during late Pleistocene interglacials. Nat Commun 13, 5328 (2022).

Contact scientifique local

 Aurélien Quiquet, chercheur CNRS à l’IGE-OSUG | aurelien.quiquet univ-grenoble-alpes.fr

Cet article a initialement été publié par le CNRS-INSU.

[1Institut des géosciences et de l’environnement (IGE - OSUG)
Tutelles : CNRS / UGA / Grenoble INP / IRD

[2Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE-IPSL)
Tutelles : CNRS / CEA / UVSQ / Univ. Paris Saclay

Mis à jour le 8 novembre 2022