Montagne : il est maintenant possible de quantifier le risque lié aux chutes de blocs dans la Cordillère des Andes

@inrae
Des chercheurs de l’institut des géosciences de l’environnement, un laboratoire membre de la fédération OSUG, et des universités de Desarrollo (Chili), Genève et Grenoble Alpes ont mis au point une nouvelle méthode pour évaluer le risque lié aux chutes de blocs en montagne, en prenant en compte divers facteurs déclenchants et l’ensemble des enjeux exposés. Ils l’ont testée avec succès dans les Andes chiliennes. Leurs résultats montrent que cette méthode peut identifier les enjeux (vies humaines, habitations, activités économiques, infrastructures) les plus à risque dans un environnement particulièrement sensible. Ces résultats parus le 13 novembre dans la revue Risk Analysis, ouvrent de nouvelles perspectives pour mieux prévenir le risque rocheux en montagne.

Les régions de haute montagne sont souvent confrontées à une multitude de dangers naturels, dont les effets combinés, appelés "risques en cascades", peuvent avoir des conséquences graves sur les infrastructures et les zones urbanisées. Les événements survenus en Maurienne durant l’été 2023 en sont la preuve.

Mais les outils manquent en matière de prévention et de quantification de ces risques complexes. C’est pourquoi des chercheurs à travers plusieurs pays ont collaboré afin de développer une manière innovante de calculer le risque lié aux chutes de pierres sur de vastes zones de très hautes montagnes affectées par une forte activité sismique. Le défi majeur de ces travaux ? Quantifier ces risques [1] de manière fine et exhaustive.

La nouvelle méthode développée permet d’aborder ce défi de manière novatrice. Elle prend en compte un large éventail d’enjeux (personnes, habitations, véhicules, infrastructures comme routes et ponts, sites économiques) et considère à la fois le risque rocheux lié aux séismes et le risque rocheux "courant" résultant de l’érosion et des conditions climatiques locales.

"Près de 60% du risque rocheux dans les Andes est dû au risque sismique"

Par exemple, l’une des découvertes majeures de cette étude est que près de 60% du risque rocheux total dans la zone andine étudiée est attribuable à l’activité sismique. Il est donc crucial de prendre en compte le risque rocheux lors de l’occurrence de gros séismes dans ce secteur.

Cette méthode a donc été testée, avec succès, dans la cordillère des Andes, au Chili, fournissant des résultats prometteurs. Ces résultats montrent qu’il est désormais possible d’évaluer de manière plus exhaustive le risque lié aux chutes de blocs en montagne. Les experts peuvent désormais déterminer avec précision les endroits les plus à risque, tels que les villages et les portions de routes qui sont exposés. Cette avancée représente un pas important vers une meilleure prévention des risques liés aux chutes de blocs en zones montagneuses, offrant des outils précieux pour anticiper et réduire les conséquences de ces événements sur les infrastructures et les communautés.

Références

Manon Farvacque, Nicolas Eckert, Gabriel Candia, Franck Bourrier, Christophe Corona, David Toe.
Holistic rockfall risk assessment in high mountain areas affected by seismic activity : application to the Uspallata valley, Central Andes, Chile. Risk Analysis, doi.org/10.1111/risa.14239.

Contacts scientifiques locaux

 Nicolas Eckert, chercheur INRAE à l’IGE (IRD/Université Grenoble Alpes/CNRS/Institut national polytechnique de Grenoble/Inrae)
 Franck Bourrier, chercheur INRAE à l’IGE (IRD/Université Grenoble Alpes/CNRS/Institut national polytechnique de Grenoble/Inrae)

Cet article a initialement été publié par l’UGA.

[1Un risque naturel résulte de la conjonction d’un aléa (phénomène naturel dangereux, ici chute de blocs) et d’une zone géographique où existent des enjeux qui peuvent être humains, économiques ou environnementaux.

Mis à jour le 12 décembre 2023