Peter van der Beek lauréat d’un ERC Advanced Grant

Peter van der Beek

Peter van der Beek

Le Conseil européen de la recherche (European Research Council - ERC) a publié le 28 mars dernier la liste des lauréats de ses bourses ERC Advanced Grants [1] 2019. Parmi les 222 projets retenus (sur 2052 soumis), dont 31 basés en France et 10 en Sciences de la Terre et de l’Environnement, figure le projet COOLER (Climatic Controls on Erosion Rates and Relief of Mountain Belts) proposé par Peter van der Beek enseignant-chercheur au laboratoire ISTerre [2] / OSUG


Les interactions entre tectonique, érosion et climat jouent un rôle fondamental dans l’évolution à long-terme du climat terrestre. Leur compréhension est nécessaire afin de différencier les forçages naturels des forçages anthropiquesdu climat. Le projet COOLER a pour objectif d’améliorer la compréhension des rétroactions entre les processus tectoniques dans la lithosphèreet les processus climatiques dans l’atmosphère.

La Mer de Glace, l’un des plus grands glaciers des Alpes, a entaillé profondément le Massif du Mont-Blanc. Les glaciers sont des agents d’érosion et d’évolution du relief importants ; le projet ERC obtenu par Peter van der Beek vise à comprendre et quantifier leur rôle exact © Xavier Robert (IRD, ISTerre / OSUG)

Une théorie propose que le refroidissement global, lent et continu, depuis le début du Cénozoïque (les derniers 65 millions d’années) serait lié à la croissance des chaînes de montagne (notamment l’Himalaya). En effet, le soulèvement des montagnes augmenterait l’érosion, et par conséquent augmenterait aussi les réactions d’altération chimique de la roche (lié à la remontée à la surface de roches « fraîches ») et l’enfouissement de carbone organique, ce qui aurait pour effet de réduire la concentration de CO2 dans l’atmosphère par transfert vers la lithosphère.

Une autre théorie (non exclusive de la première) propose que le climat plus froid et variable du Pliocène-Quaternaire (les derniers 5 millions d’années) aurait mené à une augmentation de l’érosion et de la croissance du relief. Si les deux théories s’avèrent justes, cela impliquerait que le climat terrestre est potentiellement très instable (car il s’agirait d’une boucle de rétroaction positive entre climat et érosion), ce qui pourrait expliquer pourquoi la Terre bascule parfois dans des conditions de glaciation globale (« Terre Boule de Glace »). Le deuxième couplage n’a néanmoins pas été démontré de façon explicite et reste très controversé.

Le projet COOLER propose d’étudier plus en détail cette deuxième théorie en développant des outils novateurs pour enregistrer l’érosion et l’évolution du relief avec des résolutions spatiale et temporelle inégalées. Ces nouvelles données seront intégrées dans des modèles numériques afin d’en déduire les mécanismes moteurs potentiels. Cela permettra de tester les liens entre la glaciation Quaternaire et l’augmentation (ou non) des vitesses d’érosion globales.

Ce projet propose notamment de développer une nouvelle méthode de thermochronologie à très haute résolution pour enregistrer l’histoire de l’érosion et de l’évolution du relief sur les quelques derniers millions d’années, par la mise en place d’un nouveau laboratoire de thermochronologie 4He/3He (qui sera la première ligne de datation isotopique 4He/3He opérationnelle en Europe).


Contact scientifique local

 Peter van der Beek ISTerre/ OSUG, I peter.van-der-beek univ-grenoble-alpes.fr I 04 76 51 40 62

Financements

Ce projet est financé pour 5 ans à hauteur de 2,73 M€. Il comportera, outre la construction de la ligne 4He/3He, le recrutement d’un ingénieur de recherche ainsi que le financement de trois thèses de doctorat et celui de deux chercheurs postdoctoraux.

Autres liens

 Univ. Grenoble Alpes passe la barre des 100 bourses ERC
 site web ERC

Publié le 16 avril 2019

[1Les bourses Advanced Grant permettent à des scientifiques reconnu·e·s dans leur domaine, au niveau national et international, de mener des projets novateurs à haut risque qui ouvrent de nouvelles voies dans leur discipline ou dans d’autres domaines.

[2Institut des Sciences de la Terre (ISTerre), laboratoire de l’Observatoire des Sciences de l’Univers de Grenoble, unité mixte de recherche du CNRS, de l’Université Grenoble Alpes, de l’Université Savoie Mont Blanc, de l’IRD et de l’IFSTTAR.

Mis à jour le 10 mai 2019