Existe-t-il des dépôts glacio-lacustres plus anciens que la dernière glaciation dans le Trièves ?

8 semaines, printemps/été 2024
Laboratoire(s) de rattachement : ISterre
Encadrant(s) : Grégory Bièvre & Christian Crouzet
Contact(s) : gregory.bievre univ-grenoble-alpes.fr ; christian.crouzet univ-grenoble-alpes.fr
Lieu : ISTerre Grenoble
Niveau de formation & prérequis : M1 - géologie et géophysique
Mots clés :Géologie du Quaternaire

Dans la région du Trièves (sud de Grenoble), la sédimentation quaternaire est marquée par la présence de formations glacio-lacustres, fluvio-lacustres et morainiques qui témoignent de cycles glaciaires durant le Pléistocène. Les sédiments glacio-lacustres correspondent principalement à la formation des Argiles du Trièves, sédimentées durant le dernier maximum glaciaire il y a environ 30 à 50 ka ​(Monjuvent, 1973 ; Bièvre & Crouzet, 2021). Ces sédiments fins se sont déposés dans le paléo-lac de barrage du Trièves (TL sur la Fig. 1) dont le niveau maximum supposé est d’environ 820 m (Monjuvent, 1973). Le barrage de ce lac était situé dans la région de Sinard (nord Trièves) et était assuré par le glacier de la Romanche (RG sur la Fig. 1). D’après la littérature et les observations de terrain, ces sédiments lacustres ne dépassent pas la cote 750 m NGF. Toutefois, des observations récentes dans la région de Tréminis (sud Trièves ; Fig. 1) ont montré la présence de sédiments lacustres fins jusqu’à une altitude de 795 m au moins, soit presque 50 m de plus que ce qui est classiquement admis et observé jusqu’ici.

Figure 1 : Carte paléogéographique de la région grenobloise et du Trièves durant le dernier maximum glaciaire (Bièvre & Crouzet, 2021).

Cette constatation amène trois hypothèses pour être expliquée. Premièrement, il aurait existé un barrage local qui a permis la création d’un lac isolé à une altitude plus importante, comme ce qui est observé dans la région de la Matheysine par exemple (ML sur la Fig. 1). Deuxièmement, cette séquence lacustre ne daterait pas du dernier maximum glaciaire et correspondrait alors à une phase glaciaire plus ancienne. Troisièmement, et probablement l’explication la plus parcimonieuse, l’altitude maximum des dépôts lacustres n’est pas homogène à l’échelle du bassin de sédimentation.

Pour vérifier ces hypothèses, le travail proposé dans le cadre de ce stage consistera à :

  1. Recenser et décrire les affleurements de formations quaternaires dans le secteur de Tréminis. Ce travail de terrain s’appuiera à l’amont sur une phase préparatoire à l’aide d’analyses de cartes (géologique, topographique) et de photographies aériennes ;
  2. Détecter les limites amont et aval des argiles glacio-lacustres identifiées. Ce travail pourra notamment être conduit à l’aide de tomographies de résistivité électrique dans le lit majeur des rivières ;
  3. Interpréter localement la nature et l’arrangement géométrique de ces dépôts.

Une fois ces étapes effectuées, il conviendra de mettre en rapport l’ensemble des niveaux observés avec ce qui est connu dans le secteur, à savoir les terrasses de Prébois et les coupes de l’Amourette (voir Fig. 1). Cette analyse permettra d’interpréter les relations géométriques et stratigraphiques entre les différentes formations cartographiées.

Pour postuler : contacter les encadrants par email (adresses au sommet de la page).

Références
Bièvre G & Crouzet C (2021) Multi-proxy analysis of boreholes in remolded Quaternary paraglacial deposits (Avignonet landslide, French Western Alps). Engineering Geology 286 : 106073. doi:10.1016/j.enggeo.2021.106073
Monjuvent G (1973) La transfluence Durance-Isère. Essai de synthèse du Quaternaire du bassin du Drac (Alpes françaises). Géologie Alpine 49 : 57-118.

Mis à jour le 5 octobre 2023