Sécheresse et impact sur l’alimentation en eau sur la Métropole grenobloise : approche climato-historique

Durée : 3 mois à partir d’avril-mai 2023.

Lieu de stage : Institut des Géosciences de l’Environnement – Maison Climat Planète, Campus universitaire de Saint-Martin d’Hères – Grenoble

Encadrement : Juliette BLANCHET (Chargée de Recherche-CNRS, hydroclimatologue) et Antoine BROCHET (postdoc CNRS en sciences sociales de l’eau), Institut des Géosciences de l’Environnement, Équipe HMCIS.

Connaissances requises : Master 1 en Sciences de la Terre, Environnement ou Climat ou formation en sciences sociales de l’eau avec compétences statistiques associées. Goût pour le travail en équipe, l’analyse documentaire et l’analyse statistique.

Pour candidater : envoyer CV et lettre de motivation à juliette.blanchet univ-grenoble-alpes.fr et antoine.brochet univ-grenoble-alpes.fr. Date limite de candidature : 8 mars 2023.

Contexte du stage : Le changement climatique met nos sociétés à rude épreuve. Le 6ème rapport du GIEC (2022)1 "Impacts, adaptation et vulnérabilité" montre que les conséquences du changement climatique sont déjà observables et touchent tous les domaines : agriculture, biodiversité, santé…
Les sécheresses font partie des extrêmes climatiques à fort enjeu sociétal. Elles endommagent fortement les récoltes, dégradent les terres cultivables, altèrent la biodiversité et les milieux aquatiques, et peuvent engendrer des ruptures d’alimentation en eau pour les besoins agricoles, industriels et domestiques. Le changement climatique, du fait de l’augmentation de l’évaporation liée à la hausse des températures, tend à renforcer l’intensité et la durée des sécheresses hydrologiques et agricoles. Les effets sont déjà visibles dans différentes régions du monde, dont le bassin méditerranéen (6e rapport GIEC, 2022). Les événements que la France a connus, lors de l’été 2003 ou plus récemment en 2015, 2017, 2018 et 2019 et 2022, ont rappelé la sensibilité de nos systèmes aux extrêmes hydrologiques et à la disponibilité de la ressource en eau.
La région Grenobloise ne fait pas exception. De mi-août à mi-septembre 2022, le préfet de l’Isère a placé en situation de crise sécheresse, niveau 4 sur 4, toutes les unités de gestion liées aux eaux superficielles du département de l’Isère. Restrictions pour les eaux souterraines et mesures drastiques d’économie d’eau furent de rigueur pendant plus d’un mois. Du fait de l’aménagement historique d’infrastructures de production d’eau performantes, puisant l’eau en profondeur dans deux grandes nappes d’eau souterraines (Drac et Romanche), l’alimentation en eau de la Métropole de Grenoble ne fut pas rompue. Pour autant, cet épisode nous rappelle la vulnérabilité de la ressource en eau et les risques que les sécheresses font peser sur les différents usages de l’eau.
Si les événements récents sont encore dans les esprits, d’autres événements de sécheresse ont eu des impacts sur l’alimentation en eau de la métropole de Grenoble sur le dernier siècle (baisse du niveau des nappes, pénuries d’eau, etc.) et sont peut-être moins dans les mémoires : 1921, 1957, 1962, 1989 .... En cause les faibles précipitations accompagnées de fortes températures, avec comme possible effet aggravant sur la recharge des nappes les prélèvements d’eau et/ou de sédiments des acteurs publics et industriels telles que les industries du papier, les industries chimiques, les barrages hydroélectriques et, plus récemment, les industries de microéléctronique. Ces événements de sécheresse historiques sont partiellement documentés dans divers rapports, notamment des rapports d’ingénieurs, des rapports de bureaux d’études ou encore dans les rapports d’activité des services publics d’eau potable de l’agglomération. Néanmoins, aucun travail, à notre connaissance, n’a compilé et synthétisé les informations climatiques et historiques d’impact sur l’alimentation en eau sur la métropole de Grenoble.

Objectifs du stage : L’objectif du stage sera de mener une analyse conjointe de la sécheresse d’un point climatique et de ses impacts sur l’alimentation en eau au cours du 20ème siècle et jusqu’à aujourd’hui. Un livrable sera de produire une frise chrono-systémique reportant 1) la rareté pluviométrique des précipitations antérieures à plusieurs échéances (précipitations sur le mois antérieur, le semestre passé, l’année passée...), 2) les dates, durées et modalités d’impact de ces évènements extrêmes sur l’alimentation en eau, 3) la variabilité des volumes d’eau prélevés à l’échelle de l’agglomération (hausse et baisse de la demande), 4) l’implantation et les développements majeurs des gros consommateurs d’eau (industries, acteurs publics, etc.) depuis le début du 20ème siècle. Le stage nécessitera à la fois de manier des concepts statistiques de base et la lecture/synthèse de rapports historiques et techniques permettant de reporter les dates clés. Le concept d’extrêmes socio-environnementaux (Balch et al., 2020)1 servira de cadre théorique pour élaborer la frise.

Références :
Balch, J-K., 2020, Social-Environmental Extremes : Rethinking Extraordinary Events as Outcomes of Interacting Biophysical and Social Systems, Earth’s Future, 8. Online : https://doi.
org/10.1029/2019EF001319

IPCC, 2022, Climate Change 2022 : Impacts, Adaptation, and Vulnerability. Contribution of Working Group II to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [H.-O. Pörtner, D.C. Roberts, M. Tignor, E.S. Poloczanska, K. Mintenbeck, A. Alegría, M. Craig, S. Langsdorf, S. Löschke, V. Möller, A. Okem, B. Rama (eds.)], Cambridge, UK and New York, NY, USA : Cambridge University Press, 3056 pp., doi:10.1017/9781009325844.

Mis à jour le 3 mars 2023