Fluctuations de l’emprise glaciaire dans la vallée de l’Isère (bordure nord du massif du Vercors) : marqueurs géomorphologiques de surface et archives karstiques

5-6 mois (début Janvier/Février 2023)
Laboratoire(s) de rattachement : ISTerre Grenoble et Edytem Chambéry
Encadrant(s) : Pierre Valla, Vivien Mai Yung Sen (ISTerre)
Co-encadrant(s) : Xavier Robert, Julien Carcaillet (ISTerre), Yann Rolland, Stéphane Jaillet (Edytem)
Contact(s) : pierre.valla univ-grenoble-alpes.fr
Lieu : ISTerre Grenoble
Niveau de formation & prérequis : Master en Géosciences (Géologie, Géomorphologie, Géographie physique)
Mots clés : Glaciations Quaternaires, Vercors, Géomorphologie de surface, Datations, Archives karstiques, SIG, Cartographie

Les Alpes occidentales ont été à plusieurs reprises englacées au cours du Quaternaire, avec des glaciers de vallées qui recouvraient les massifs internes et s’étendaient sur plusieurs dizaines à centaines de km jusqu’à l’avant-pays alpin. La chronologie (ca. 25-19 ka) et l’extension maximale dans l’avant pays de la dernière glaciation ont été relativement bien contraintes (Coutterand, 2010). Cependant, plus en amont à la transition massifs/avant-pays, l’emprise de la dernière glaciation reste mal contrainte, notamment en termes d’épaisseur des paléo-glaciers de vallée. Celle-ci est souvent estimée à partir de la "trimline", marqueur morphologique de l’action glaciaire sur les reliefs mais qui n’est pas rattachée à une glaciation spécifique (dernière période glaciaire ou empreinte héritée d’anciennes glaciations ?). De plus, les archives de paléo-glaciations ont été principalement effacées par la dernière avancée glaciaire, laissant peu de marqueurs des fluctuations glaciaires successives du Quaternaire. Ce manque d’informations quantitatives sur les paléo-glaciations limite notre compréhension des fluctuations glaciaires dans les Alpes, de leur emprise sur les reliefs, et par conséquent de leur héritage dans le conditionnement topographique et les risques naturels associés, ou encore leur impact sur l’évolution des écosystèmes de montagne.
Le présent projet de Master 2 porte sur cette thématique et propose une approche originale couplant observations/datations de surface (moraines et dépôts glaciaires) et de sub-surface (remplissages sédimentaires karstiques). En effet, l’étagement de réseaux karstiques à la bordure des massifs subalpins offre la possibilité de préservation des archives sédimentaires glaciaires depuis leur dépôt. La caractérisation et la datation de ces archives permet la quantification de l’épaisseur des paléo-glaciers et la reconstruction locale de paléo-glaciations d’âge et amplitude variables au cours du Quaternaire (Jaillet et al., 2018).
Le projet portera sur la vallée du Grésivaudan (Isère), et notamment la bordure nord du massif subalpin du Vercors. Une partie du stage nécessitera la cartographie de terrain et SIG des morphologies glaciaires de surface (Plateaux des Guillets et de Montaux). Les cibles repérées sur les modèles numériques de terrain (MNTs) et via le terrain (blocs morainiques ou erratiques, dépôts fluvio-glaciaires ou incisions fluviales pro-glaciaire) seront échantillonnées et caractérisées (étude pétrographique de provenance). La datation des morphologies glaciaires sera effectuée par nucléides cosmogéniques ou luminescence (plateforme GTC à ISTerre). En complément, plusieurs cavités karstiques (Grotte Vallier, Gouffre Berger) seront échantillonnées pour réaliser une étude similaire (provenance et datation) sur les sédiments glaciaires enfouis.
Le stage de Master 2 sera réalisé à ISTerre, en collaboration avec Edytem et intégré au sein de l’équipe ReGAlp (Labex-OSUG). Le projet de recherche comportera une composante terrain/SIG (cartographie/échantillonnage en surface et sub-surface), des analyses pétrographiques et un travail de laboratoire pour les analyses géochronologiques. Les nouvelles données seront intégrées dans un modèle régional de l’emprise glaciaire de la vallée de l’Isère au cours du Quaternaire, en comparaison avec les enregistrements d’extension maximale dans l’avant-pays et d’autres reconstructions paléo-glaciaires dans les Alpes Européennes.

Références :
Coutterand S. (2010). Étude géomorphologique des flux glaciaires dans les Alpes nord-occidentales au Pléistocène Récent. Du maximum de la dernière glaciation aux premières étapes de la déglaciation. Thèse de doctorat, Université de Savoie, 468 p.
Jaillet S., Pons-Branchu E., Hobléa F., Berthet J., Deline P., Duvillard P.A., & Génuite K. (2018). La dépression glacio-karstique du Mariet (Bauges occidentales, France) : Un marqueur de l’englacement würmien des Alpes françaises du Nord. Géomorphologie : Relief,
Processus, Environnement, 24(2), 107–120.

Mis à jour le 29 août 2022